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  La mieu de la jane de le zéte *     Le miel de la Jeanne des Ayettes  
 


La jane de le zéte tenieu quat'aviu, dïin de billo de boueu évouada, ô le avilleu fachéve lo gaté de mieu.
A pou prè a la meyou, la jane le z'imboconave in fachan flamba de vieille satche de trife pe le zindrumi.
Coma sin, noutra fena, pochéve avoué un cuté inleva de morcé de gatio, to en lô zi lachan pro de via pe l'ivèr.
Un didjou de la fin du tcho tin, a l'erba du dzô, la jane s'in moda a la fâre in'alva, avoué:
- katro kilo de mieu,
- trà guilla de bure, una dozane d'eu,
- sè à voui tome de tchuvre.
Sou lo co de miédjo, la jane, fu agrointa pe la mér Pél, kétieu in tchan a se vatche, a perchetan.
- alö, la jane comin von le zafar?
- bien é mà
- é perkà don?
- dzé to vindu, mé nion n'a volu de ma mieu, in dijan cin, la jane soleva lo pane ke cuvriche l'aoule pe para de le mutche é de le zékevilleu.
La mér Pél, in veyan cin, se beta a rigolà, a rigola!
- ka té ke dje fé pe vo fare rigolà de la sorte?
- ma poura, vo zé beta la mieu dien lo bidon du kakeré!
- mé, y t'on bidon nouve, lo atchità la semana passa a la fare.
La mér Pél, li baillà la ràson, in li dijan, ke méme nouve, étieu, pe le djin de la villa, pa possible de fare otra tchouse de su bidon.

In veyan la péna de la poura fena, la mér Pél li di, m'in vo l'atchita voutra mieu! La jane k'étieu on pou mâfiante li di, gran marci vasinà de voutra bonta, mé dje vo lo garda pe ma, pe lo midjé a tcha pu, é lo bidon ira u pié de ma cutche coma sin dje n'aré plu besoin d'alla u bô pe piché.

 

   


La Jeanne des ayettes possédait 4 ruches.

Il s'agissait en fait, de troncs d'arbres évidés dans lesquels les abeilles bâtissaient leurs alvéoles, les garnissaient de miel avant de les fermer d'un opercule de cire.
En août, la Jeanne enfumait les troncs en faisant brûler de vieux sacs de pomme de terre. Les abeilles assoupies, elle enlevait, en les coupant avec un couteau, des morceaux de rayons. Mais elle laissait toujours aux habitantes assez de miel pour passer l'hiver.
Un jeudi d'été, vers 5 heures, elle alla à la foire d'Allevard avec 4 kg de miel, 3 demi-livres de beurre, une douzaine d'oeufs et 7 ou 8 fromages de chèvre. En fin de matinée, alors qu'elle arrivait à perchetan, elle fut interpellé par la mère « Pel » qui gardait ses vaches.
- alors Jeanne, êtes-vous contente de votre marché?
- oui et non
- Pourquoi?
- J'ai tout vendu , mais personne n'a voulu de mon miel et elle ôta le voile qui protégeait le récipient des mouches, guêpes ou autres impuretés...
La mère Pel se mit alors à rire aux éclats
- pourquoi riez-vous?
- parce que je viens de comprendre pourquoi les gens de la ville n'ont pas voulu acheter votre miel
- vraiment?
- vous l'avez présenté dans un seau hygiénique
- c'est un seau neuf, je l'ai acheté la semaine dernière à la foire.
La mère Pel expliqua à quoi servait le seau et pourquoi il était difficile de l'utiliser à d'autres fins.

Devant la tristesse de la Jeanne, la mère Pel lui dit je vous achète le tout, mais la Jeanne méfiante, répondit: merci de votre gentillesse mais je vais tout garder, je mangerai le miel petit à petit et je mettrai le seau au pied de mon lit, ainsi je n'aurai plus besoin de descendre à l'étable pour pisser!

 
 

* d'après Paul Trève « Chamblouseries, » adaptation.

       
 

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